Haut de page

 Les USA et la santé – UNAM
03/04/2023

Les USA et la santé – UNAM

 

Individualisme ou universalité

 

Nous vous proposons une traduction d’un article qui a pour thème, le débat qui agite les étasuniens a propos de la protection sociale.

On voit bien que la protection sociale n’est évoquée qu’à partir de la politique de soins. Nous voyons également que c’est vers une étatisation que des pistes sont proposées .

L’auteur de l’article qui critique sévèrement la politique d’Obama, propose des solutions individualisées (per capita),qui entrainerait chaque individu à avoir une somme allouée et qu’il devrait faire son marché des soins auprès de services privés à but lucratif pour les actionnaires .

Nous ne pouvons pas , bien sur , partager cette vision de la protection sociale , mais comme le modèle étasunien est très prisé par notre Président de la République ,il est bien entendu prudent et nécessaire de savoir ce qui risque de se passer outre-Atlantique.

 

TRADUCTION

Assurance maladie aux Etats-Unis : le statu quo

Barack Obama va étendre les prestations, tout en ne parlant que de maîtrise des coûts.

> Cet article a été publié sur le site de Newsweek le 10 aout.

Les” familles, les entreprises et le gouvernement ne peuvent plus s’en tenir au statu quo” -dit le président Obama, le 13 juin

L’un des plus ahurissants paradoxes du débat sur l’assurance santé, c’est le fait que le président Obama proclame s’attaquer au statu quo, alors qu’en fait, il l’entretient. Depuis la création par le congrès de Medicare et Medicaid en 1965, dans le domaine de la santé, les politiques à l’œuvre suivent une logique simple : on étend les prestations tout en parlant de maîtriser les coûts. Voici le statu quo auquel Obama adhère fidèlement. Tout en dénonçant l’augmentation astronomique des dépenses de santé, en étendant la couverture santé gouvernementale à des millions d’Américains supplémentaires, lui-même y contribuera.

 

La raison de la popularité de cette approche, jamais démentie, n’est pas un mystère L’assurance santé est considérée comme un “droit”. Sa promotion apparaît comme “morale”. Le contrôle des dépenses suggère le “rationnement”, notion redoutée. Les forces poussant à son extension sont donc puissantes. L’histoire le confirme. À l’origine, Medicare couvrait les 65 ans et plus. En 1972, le Congrès y ajoutait les handicapés, qui représentent aujourd’hui environ 15 % des bénéficiaires, constate Diane Rowland, de la Kaiser Family Foundation. Le programme a couvert ensuite les dialyses consécutives aux défaillances rénales. En 2003, le Congrès créait une prestation médicaments. Au fil du temps, d’autres services (hospices, mammographies) se sont ajoutés à la liste.

Medicaid – le programme fédéral destiné aux pauvres – a suivi la même logique. Au départ, il couvrait principalement les personnes couvertes par le programme d’aide de chaque état. Puis, les conditions d’éligibilité se sont élargies. Aujourd’hui, les enfants de 6 à 18 ans des foyers aux revenus inférieurs au seuil de pauvreté (22 050 dollars annuels pour une famille de quatre personnes) le touchent. Le Congrès a également relevé la condition de ressource (133 % du seuil de pauvreté) pour les femmes enceintes et les enfants de moins de six ans. En 1997, le Congrès a créé le SCHIP (State Children Health Insurance Program, programme d’assurance santé des enfants) afin d’étendre encore la couverture santé.

Parallèlement, les remboursements sans plafond du gouvernement et des assurances privées ont fait enfler les dépenses de santé, en dépit des serments répétés de “maîtrise” des coûts. Les remboursements des dépenses individuelles de santé sont, par exemple passés de moins de 1 % du budget fédéral en 1965, à 23 % en 2008. Obama voudrait perpétuer ce système. Aucun président n’a parlé avec plus de conviction de la nécessité de contrôler les dépenses. Un échec, déclarait-il, aurait pour effet d’aggraver les déficits des budgets fédéraux, d’augmenter la part revenant à l’assuré, et de réduire le salaire net (l’assurance prélevant une prime plus importante). Tout ceci est vrai. Mais le programme d’Obama ne prévoit pas beaucoup dans le domaine de la réduction des coûts, et entraînerait une augmentation des dépenses par l’extension de la couverture santé financée par l’état. La législation à la chambre réduirait le nombre d’exclus du système d’assurance de 37 millions de personnes avant 2018, estime la commission du budget du congrès. Les non-assurés bénéficient déjà aujourd’hui d’une couverture. Avec l’assurance, celle-ci sera plus importante.

 

“On va ajouter un troisième niveau de droits en plus de Medicare et Medicaid” affirme James Capretta, un haut responsable de l’Office of Management and Budget de 2001 à 2004. Imaginez ce que serait le débat sur la couverture santé s’il se concentrait véritablement sur le contrôle des dépenses.

Déjà, on ne se chipoterait pas sur les moyens de “financer” les quelque mille milliards de dollars de coût sur dix ans de la “réforme” Obama. Le Congrès ne créerait pas de nouvelles prestations avant de réguler les anciennes. On se préoccuperait de la façon de réduire les dix mille milliards de dollars de dépenses, selon l’estimation du CBO, engagées par Medicare et Medicaid sur les dix prochaines années, sans affecter la santé des Américains. On utiliserait Medicare comme véhicule du changement.

Comptant pour plus d’un cinquième de toutes les dépenses de santé, son coût par bénéficiaire, qui est aujourd’hui d’environ 12 000 dollars a cru au taux moyen de 8,5 % par an de 1970 à 2007 (il est vrai que c’est inférieur aux taux des assurances privées, qui est de 9,7 %, mais la différence reflète éventuellement un transfert de charges vers le privé : lorsque Medicare limite les taux de remboursements, hôpitaux et médecins augmentent les frais facturés aux assureurs privés).

 

Medicare est si gros que tout changement dans ses pratiques s’étend au reste du système de prestations. Mais changer Medicare, et à travers lui, un sixième de l’économie américaine, requiert plus que quelques études d’impact sur les “résultats comparés” de telle ou telle méthode ou d’incitations économiques. Ce dont on a besoin, c’est d’une restructuration en profondeur. La facturation à l’acte — la forme principale de règlement en vigueur chez Medicare — est dépassée. Plus les docteurs et les hôpitaux en font, plus ils sont payés. Ce qui encourage la fragmentation et la surconsommation d’actes.

Nous devrions passer à des réseaux de couverture santé coordonnés, qui prennent en charge les besoins médicaux de leurs membres en échange d’un paiement annuel fixe (appelé “capitation”). Parmi les approches possibles, citons les “vouchers”, ou bons : les bénéficiaires du système Medicare recevraient une allocation fixe, et chercheraient le réseau offrant le coût le plus bas et la meilleure qualité. Autre possibilité, le gouvernement pourrait transformer ses remboursements aux hôpitaux et aux médecins en paiements en “capitation”. En bridant la pompe à dollars, on devrait en théorie pouvoir obtenir des améliorations de l’efficacité et des soins.

Ce débat n’a pas lieu aujourd’hui. Il faudrait, pour l’engager un véritable leadership présidentiel, ces propositions étant, c’est un fait, hautement controversées. Les bénéficiaires du programme Medicare — d’aujourd’hui et de demain — vont se sentir menacés. Les relations patient-médecin existantes risquent de s’en trouver pert
urbées. Les limites imposées aux dépenses vont entraîner chez les patients la crainte de soins au rabais. Hôpitaux, médecins et fabricants de matériel médical ne diront pas autre chose. Obama a préféré s’abstenir. Les résultats qu’il escompte de son plan ne seront pas au rendez-vous. Ce qu’il propose, c’est une version étendue d’un statu quo qui, selon ses mots, est déjà intenable.

 

 

Robert J. Samuelson

 

 

Traduction française de David Korn

 

Lire la version américaine sur le site de Newsweek

Article précedent

EDITORIAL – UNAM

Article Suivant

La dégradation des conditions de travail à l'hôpital continue –…

post-bars

Articles similaires